j'ai raté l'avion

Lundi 1er août. 16h50.

Je suis à la bourre comme d’habitude. Je cours dans l’appartement.

« Où est mon porte-feuille ? Où est mon porte-feuille ? »

Oui, j’ai tendance à compter sur les autres pour savoir où je range (ou plutôt où je ne range pas) mes affaires. Ma coloc vient à la rescousse. Le porte-feuille était tout simplement sur une table devant laquelle je suis passé 10 fois. C’est bon, nous pouvons partir ! Habituellement, je prends le train puis une navette pour aller à l’aéroport mais aujourd’hui, comme ma coloc ne travaille pas, je l’ai missionnée pour m’emmener.

Il est 17h10 et mon avion pour Amsterdam part à 18h35. Tout va bien !

(L’aéroport se trouve à 20 minutes en voiture de chez moi et comme je vole avec KLM, pas besoin d’arriver deux heures avant à l’aéroport. Une heure suffit largement)

« En voiture Simone » (ma coloc s’appelle Élisa)

C’est elle qui est au volant. Les premiers mètres se déroulent sans encombre. Nous passons à proximité d’un parc qui est désormais pris d’assaut par les chasseurs de Pokemon.

Le débat est ouvert ! Pour ou contre ? Je viens à peine de me mettre à Snapchat (philippetrz) et voilà qu’un nouveau phénomène déferle sur la terre entière. Quand je vois toutes ces personnes guidées par leur téléphone, je ne peux m’empêcher de penser à des zombies attirés par une force obscure. D’ailleurs, est-ce que ma coloc ne serait pas l’une des leurs ? Je la trouve drôlement bien informée !

« C’est quoi tout ce monde ? » me demande-t-elle.

Ça, c’est une p….. de bonne question ? Pourquoi y-a-t-il autant de voitures ? Nous ne sommes même pas encore sortis de la ville et nous voilà bloqués dans un bouchon.

C’est une route que nous connaissons bien et qui ne pose pas habituellement de problèmes. À la vitesse d’un escargot, la voiture se traîne dans sa bave et s’enlise. Nous apercevons au loin un panneau de signalisation qui ne prédit rien de bon. Impossible de tourner à droite, c’est toute une rue qui est fermée !

Manque de pot, c’est par cette route qu’on accède à l’autoroute. DO NOT PANIC ! Je connais Mulhouse comme ma poche, nous allons nous en sortir ! Après de longues minutes, nous nous extirpons de ce carrefour dans lequel nous sommes restés bien trop longtemps et nous nous aventurons dans de petits chemins à la recherche du Graal : l’autoroute qui nous mènera à l’aéroport.

Je regarde l’heure en permanence. Je (re)commence à me ronger les ongles. Je fais défiler l’écran de mon smartphone à l’infini pour calmer mes nerfs. Ça va le faire. Un panneau bleu se profile au loin. Nous allons y arriver. Et hop, les roues de la voiture peuvent enfin se mettre en branle sur une première autoroute. Le soleil brille, le ciel est bleu, la voiture roule, la vie est belle.

Ma coloc veille (et moi aussi) ! Nous sommes sur l’A36 et nous devons négocier le bon virage pour se retrouver sur l’A35 en direction de Bâle. Nous y arrivons et là, c’est le drame : la voiture devant nous met ses warnings, un panneau annonce une zone propice aux bouchons, notre voiture ralentit, puis s’arrête !

« Euh, c’est une blague ? »

Il est 17h45 !!!! (Je rappelle que mon avion décolle à 18h35).

S’en suivront : plusieurs crises de nerf / plusieurs espoirs avortés / plusieurs coups de klaxon / plusieurs démarrages / plusieurs arrêts / plusieurs incantations / plusieurs prières (j’ai même tenté d’ouvrir l’autoroute comme Moïse a ouvert la mer Rouge, en vain) / plusieurs centaines de mètres de voies rétrécies / plusieurs longues minutes perdues / plusieurs coups de gueule contre tous les êtres qui m’entourent.

Il est 18h10. La voiture prend de la vitesse. Il reste 19km à parcourir. On y croit toujours (je suis un éternel positif).

« Est-ce qu’on peut rouler plus vite ? ». Je ne voudrais pas stresser ma coloc mais quand même ! La voiture file sur l’autoroute… Jusqu’à un nouveau ralentissement ! (je ne prendrais même pas la peine d’en parler). L’aéroport est à 4km ! Puis, un panneau jaune nous signale qu’une NOUVELLE déviation nous conduira à l’aéroport. Nous voilà sur des routes de campagne derrière un tracteur qui emmène du foin à ses bêtes. Elles ne pouvaient pas attendre pour manger ???

Il est 18h19. L’espoir fait vivre mais ne fait pas des miracles !

J’arrive finalement à l’aéroport à 18h31. Je sors de la voiture, je prends mes affaires et je fais un sprint.

« Désolé monsieur, c’est trop tard »

Bon, comme je vole avec KLM / Air France, ils vont me trouver une solution… Il n’y avait pas une époque où voler avec ces compagnies vous assurait une meilleure prise en charge (dans ce genre de galères) ?

Je vous l’ai dit, je suis quelqu’un qui sait rester positif !

J’arrive catastrophé au comptoir Air France. En face de moi, une dame qui semble habituée aux situations catastrophiques. Elle pianote sur son clavier d’ordinateur et va, j’en suis sûr, me trouver une solution (peu onéreuse).

Il est 18h34.

« Je peux vous modifier votre billet mais cela va vous coûter beaucoup plus cher que le prix initial de votre billet et surtout, vous n’avez que quelques secondes pour vous décider, car une fois que votre avion aura décollé, aucune modification ne sera plus possible »

Euh, pardon ? C’est ça votre solution ? Une modification qui coûte plus cher qu’un billet d’avion ?

Bon, pas grave. Plus tôt dans la voiture, dans le stress, j’ai regardé le prix d’un aller pour me rendre à Amsterdam avec EasyJet (89 euros) :

« Je préfère acheter un billet à 89 euros avec EasyJet que payer une modification à 290 euros avec AirFrance ! »

« Impossible, monsieur. Si vous ne faites pas l’aller avec notre compagnie, vous ne pourrez pas faire le retour » me répond la dame que je trouve de moins en moins sympathique !

Euh, pardon (oui, je sais, je me répète) ! J’ai du mal à comprendre… En gros, avec Air France ou KLM, un billet émis à un tarif intéressant n’est ni modifiable, ni remboursable. Pour être valable, il doit être utilisé dans les termes de l’achat, c’est-à-dire l’aller à cette date là et à cet horaire là et idem pour le retour. S’il y a interruption dans le trajet, tout ce qui suit est automatiquement annulé.

Bon. OK. Je ne peux rien faire contre les conditions générales de vente mais une question me vient à l’esprit : quel est l’intérêt de nos jours de prendre une compagnie classique pour un vol national ou européen ? Les prix sont plus élevés, les bagages sont désormais payants et les conditions de vente sont encore plus strictes ! Avec EasyJet, j’aurais pu simplement acheter un nouveau billet aller et rentrer avec mon billet retour… Passons !

Ma coloc a fait le plein de clopes et je réalise que je viens de rater mon premier avion. Bon. Il fallait bien que cela arrive un jour…

Sur la route du retour, pas un chat. Nous arrivons à la maison en 20 minutes ! Que faire ?

Option 1 : racheter un billet d’avion aller-retour avec Air France
Option 2 : racheter un billet d’avion aller-retour avec EasyJet
Option 3 : annuler tout mon séjour à Amsterdam

Ce n’est pas comme si j’avais déjà payé mon logement sur place et prévu toute une journée de travail le mercredi (un tournage dans le cadre d’une série-documentaire que je réalise pour Alsace20)

Je regarde si je peux modifier mon logement du soir dans lequel je devais rester trois jours. Impossible. Je l’annule et je perds près de 300 euros. Snif.

Je fais des calculs rapides. Le compte n’est pas bon. Je ne peux pas me permettre de payer deux fois mon voyage ! C’est mort, je reste à Mulhouse. J’annule mon tournage de mercredi et mes deux cours de Pilates réservés sur Internet.

Reunion de crise avec mes amis qui devaient me rejoindre jeudi soir à Amsterdam. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai besoin de boire une bière ou deux !

D’une gorgée à une autre, je me résigne à passer une semaine de plus dans ma ville et voir mes amis s’envoler pour un week-end de folie à Amsterdam (sans moi). J’évoque un signe du destin… Ma place n’était peut-être pas dans la capitale hollandaise !

Mais je ne suis pas du genre à baisser les bras rapidement. Dans la soirée, le propriétaire du logement dans lequel je devais séjourner me contacte : « je suis désolé pour toi. Je vais envoyer un message à Airbnb pour qu’ils te remboursent le montant de la transaction ». Vraiment ??? Mais c’est super sympa ça ! Avec 300 euros de retour sur mon compte bancaire, un nouvel espoir voit le jour…

Je me souviens que depuis le temps que je voyage, j’ai accumulé beaucoup de « miles ». Je me connecte sur le site d’Air France (encore eux) et je m’offre un billet (presque) gratuit pour m’envoler vers cette destination tant convoitée. Ouf, je vais pouvoir rejoindre mes amis pour le week-end (si je ne rate pas mon deuxième avion).

Bref, j’ai raté mon avion pour la première fois (et je n’ai plus d’ongles)

Quel dommage de ne pas être tombé sur cet article avant mon départ !

Promis à Amsterdam, je ferai attention de ne pas perdre les clés de mon logement (comme à Berlin !)

Pour suivre toutes ces mésaventures, rejoignez-moi sur Snapchat. Mon pseudo : philippetrz

D’ailleurs, voici la « story » de ce raté :