L’ascension de la Montagne de la Table
Gravir la Montagne de la table (Table Mountain), c’est un peu comme écrire un nouveau chapitre du Seigneur des Anneaux.
C’est une aventure éprouvante, semée d’embuches à la quête du graal. Un défi que mon frère veut relever avant de fêter ses 35 ans.
Manque de pot pour moi, il fête ses 35 ans dans deux jours et il m’accueille pour les vacances. Je suis ainsi mêlé à ce challenge de trentenaire en mal d’adrénaline.
Après un entraînement intense : repas copieux et vins sud-africains à gogo, nous nous décidons à sauter le pas deux jours avant la date fatidique.
Bon, il nous reste quand même encore un excellent diner à savourer dans l’un des meilleurs restaurants de la ville du Cap.
C’est donc le lendemain de cette soirée bien arrosée (faut-il le préciser ?) que nous nous mettons en route.
Le soleil vient à peine de se lever (et il se lève super tôt en Afrique) et nous sommes prêts à en découdre avec cette montagne malgré le manque de sommeil et une petite gueule de bois (faut-il le préciser ?).
C’est devant la maison de mon frère et de sa femme que la randonnée commence. Nous sommes quatre à partir à la quête du précieux.
Chose motivante ou désespérante, nous avons notre point d’arrivée en ligne de mire.
La mise en route est difficile ! Je me retourne plusieurs fois pour voir si c’est encore possible de rentrer à la maison et d’abandonner. Impossible, j’ai un nouveau chapitre du Seigneur des Anneaux à écrire. Muni de ma besace, mon corps se met en branle soutenu par ses pieds poilus. Après chaque effort, c’est un nouveau monde qui s’offre à nous. Celui du milieu ? Non, celui de l’eau et du ciel bleu à l’infini.
En tête du convoi, les filles semblent s’être transformées en Elfes et se jouent des dénivelées. De notre côté, celui des garçons, les victuailles de la veille semblent peser dans notre estomac.
Lourdement mais surement, nous atteignons la première étape de notre périple. Nous sortons notre boussole/smartphone pour vérifier que le téléphérique fonctionne aujourd’hui. Nous ne sommes pas fous ! On veut bien gravir la montagne mais on ne veut pas en plus la descendre. On est au 21ème siècle, merde ! Jouer à Frodon et à sa bande, ça va bien 5 minutes mais on ne va quand même pas en faire des tonnes !
Désormais, le retour ou l’abandon n’est plus une option possible. Un panneau en bois nous indique que nous sommes à 400 mètres d’altitude et que notre destination finale se trouve à 1020 mètres. Euh, ça veut vraiment dire ce que ça veut dire ?
Nous empruntons le chemin qui nous mène à travers la gorge de Platteklip. D’ailleurs, je ne sais pas si on peut appeler ça un chemin. Pourrions nous dire une voie d’escalade ?
C’est marche après marche que nous gravissons ce dernier tronçon. Le plus dur bien évidemment et surtout le plus vertical ! Chaque pas est une souffrance mais chaque pas nous rapproche du précieux. Sur la route, des oiseaux de mauvais augure viennent nous narguer. Ici et là, des créatures sur-entraînées nous dépassent avec une facilité déconcertante.
« Je vais faire l’aller-retour quatre fois aujourd’hui » nous lance une dame même pas essoufflée qui vient surement d’un monde obscure où le sport est une religion et le trail un mode de vie ! Pas notre monde, en résumé.
Je ne sais pas pourquoi mais nous regardons beaucoup moins le paysage.
« C’est encore loin ? » demandé-je à une autre créature maléfique.
« Non, non, encore une centaine de marches » ! Vous avez vu la taille des marches ???
10 marches, 9, 8, 7, 6 (je me fais encore dépasser par une mamie de 71 ans qui m’explique faire ça tous les dimanches), 5, 4, 3, 2, 1 marche.
Ça y est, au bout de 3 heures 30 d’effort, nous arrivons sur le toit de la Montagne de la table. Le paysage est magnifique. L’océan qui nous entoure se confond avec le ciel bleu. Nous sommes comme en lévitation au paradis.
Mais pas le temps de traîner ! Nous dégoulinons de sueur et le vent nous saisit au plus profond de nous. Il est temps de manger ce précieux petit-déjeuner que nous sommes venus chercher. Il est le plus cher d’Afrique du Sud mais a une saveur toute particulière. Nous avons gravi la montagne de la table par nos propres moyens !
C’est repus que nous admirons une dernière fois le paysage avant de descendre en quelques secondes grâce au téléphérique.
Tous ces efforts pour monter valaient-ils vraiment le coup ?
Oui, cette marche reste un fabuleux souvenir, la sensation d’un défi relevé et surtout le bonheur de s’être dépassé en famille. La satisfaction aussi d’avoir grillé quelques calories…
On recommence dimanche prochain ? Euh, non, je ne peux pas, j’ai piscine en France. 😉
Il y a d’autres randonnées possibles pour gravir la montagne de la table. Toutes les infos sur notre randonnée et toutes les autres sur www.hiketablemountain.co.za
Voici les autres épisodes de mon séjour en Afrique du Sud :
– une journée sur Robben Island
– un safari à la rencontre des éléphants
– rencontre avec Rodney, un sud-africain qui a du chien
– Kenton-on-Sea, entre calme et volupté
Sylvia
Magique!